Il y a quelques années, nous rêvions encore du smartphone plaque de verre, tellement optimisé qu’il se confondrait parfaitement avec les usages de la vie réelle. Je pense que ce rêve est aujourd’hui entre nos mains.

Malgré sa complexité, mon iPhone est aussi mince, léger, discret qu’il y a dix ans. La finesse de ce qui le compose est nanométrique et s’amoindrit à mesure que les générations se succèdent pour loger toujours plus de complexité et de puissance entre les deux plaques de verre et le cerclage métallique de son boitier.

Comme un humain, mon iPhone sait lire des textes imprimés, décrire une image, se représenter spatialement et spatialiser son environnement, répondre à des questions, faire des déductions.

Mieux qu’un humain, il sait communiquer, vous renseigner, s’adapter à l’environnement nocturne pour voir, traduire, retranscrire, se et vous localiser, survivre en apnée ou encore remplacer le mot de passe en modélisant et reconnaissant précisément votre visage avec un niveau de rapidité quasi imperceptible et un haut degré de fiabilité biométrique.

Comme un objet fusionné avec l’humain, il sait vous faire payer sans code, sans limite, investir, vous faire livrer nourriture, repas et objet, vous loger, être l’appareil intimiste, du lien social, messager de vos sentiments, être votre organisateur de vie et de multiples outils, être l’extension de votre mémoire, responsable de vos souvenirs.

Comme indispensable il remplace votre portefeuille, vous guide pour prendre le bus, le train, l’avion ou encore justifie votre identité, prend des photos toujours plus réalistes, gère vos clés mais aussi bien plus grand à l’image de vos projets et travaux.

Lui et ses associés, ils savent diffuser de la musique, des films, des articles, des podcasts, vous couper du bruit, vous faire découvrir, apprendre, vous divertir, imprimer, gérer la lumière et le chauffage, localiser vos objets précieux et gérer ceux connectés, vous dire d’aller dormir, vous réveiller, monitorer vos efforts physiques.
Enfin, lui et ses associés savent aussi se recharger astucieusement la nuit en étant naturellement déposés le soir avant d’analyser votre sommeil, paramètre qui précise les diagnostics de votre santé et de son évolution qui savent déduire.

Comme objet de désir et bien qu’il soit contenu dans votre poche de jean, sûrement celle de droite, vous l’échangez contre plusieurs jours ou semaines de travail.

Mais comme objet parfaitement abouti, votre plus grand des indispensables est aussi votre plus grand des nuisibles.
Ancré dans l’industrie la plus lucrative au monde, celui que vous n’oubliez jamais l’est car il a l’effet d’une drogue pourtant inodore et incolore.

Lui et ses antennes qui le relie au reste du monde savent comment mobiliser votre attention durant de nombreuses heures, vous faire oublier le temps et la vie réelle qui se consume.
Lui, les entreprises et serveurs du monde entier maitrisent à la perfection la puissance psychologique de la notification et du contenu à effet addictif, satisfaisant, sensationnel.

Votre plus grand des indispensables sait se muter en votre plus grand des nuisibles. Mais celui qui a fusionné s’est installé durablement.

À votre conscience de séparer ce qui relève du bruit, autant nuisible qu’addictif, de l’objet toute puissance logé au creux de votre main.

#DeleteTikTok.