|Écrit de Louis Viratelle. Édition Alexandre Pierrat.
Publié le 5 mars 2022.
|Écrit de Louis Viratelle. Édition Alexandre Pierrat.
Publié le 5 mars 2022.
Cet article n’est pas dédié aux plus grands changements de la plateforme Windows 11. Au lieu de cela, je traite de ces détails qui montrent l’immensité du chantier que représente l’harmonisation visuelle de ce système d’exploitation. Un contenu rédigé sous la dernière version finale de Windows en date.
Pour beaucoup d’interface de Windows 11, la cure d’amaigrissement visuelle comme fonctionnelle est bien réelle. L’exemple le plus parlant est le menu « démarrer ». Fini les tuiles de toute forme et couleurs pouvant s’animer et se confondre avec des widgets. La modularité de cet affichage fait place à un menu qui rime avec essentiel. Mais à avoir trop suivi cette vision essentielle (et le pari d’un Windows intelligent et contextuel), Windows 11 en oublie parfois la fonctionnalité.
Pour bien des utilisateurs, – et j’en fait partie – la place laissée aux icônes est bien trop étriquée. Pire encore, quasiment la moitié du menu Windows est dédié aux recommandations. Or cela fait des mois que j’utilise Windows 11 et jamais ces recommandations ont été signe de pertinence, malgré l’espace bien trop exagéré et aéré qu’elles occupent.
Depuis des années, des acteurs comme Google ou Apple développent des interfaces intelligentes et contextuelles, où Android et iOS affichent de leur propre moyen ce à quoi l’utilisateur veut accéder, sans qu’il provoque aucune interaction (avec les notifications ou widgets intelligents). Cette pertinence est un rêve, un aboutissement en soit de ce que peuvent proposer les interfaces numériques. Mais malgré le développement de NPU (Neuronal Processing Unit), l’élaboration d’algorithmes de machine learning, et la profonde intimité qu’accordent les utilisateurs à leurs smartphones, difficile d’affirmer que ce rêve soit une réalité, ou plutôt une grande réussite.
Google et Apple semblent en difficulté sur ce domaine, malgré leur capacité à pouvoir se baser (localement ou pas…) sur votre localisation, vos messages, vos photos, sur la multitude d’applications (et à leur usage bien plus segmenté que sur un ordinateur où le navigateur remplace beaucoup de logiciels), ou encore sur l’impulsivité de vos interactions (l’usage de notre smartphone est bien plus récurrent et fugitif qu’avec un ordinateur). Dès lors, il serait étonnant pour Microsoft de pouvoir y parvenir avec un support qui demeure davantage impersonnel que le smartphone.
À vouloir rêver d’une telle interface numérique, Windows 11 fait perdre à ses utilisateurs la moitié de l’espace utile du menu « démarrer », qui demeure pourtant être le centre de toutes les interactions avec le système d’exploitation !
Depuis plusieurs années, les designers de Microsoft élaborent une vision particulière de l’esthétique des interfaces numériques. À la croisée entre sobriété et organique, Windows fait notamment vivre l’ère du Fluent Design. Sous Windows 10, la version Acrylic de Fluent Design est intégré à certains composants. Windows 11 démocratise Mica, qui reprend largement l’esthétique d’Acrylic tout en optimisant l’aspect technique. Au lieu de miser sur la translucidité de certaines interfaces, Mika se base sur les couleurs et les tendances de forme de l’arrière-plan pour créer un dégradé léger. C’est un moyen de conserver le principe esthétique tout en mobilisant moins de ressources (en économisant notamment des calculs graphiques).
Plus généralement, Fluent Design a pour mission d’allier esthétisme et naturel. Fini les interfaces visuellement distinctes et segmentées. Fini aussi les angles droits qui ont fait la caractéristique de Windows 10. Place à la courbure généralisée, du petit bouton de contrôle à l’arrondi des fenêtres de Windows. La volonté de simuler la physique naturelle, où le cube et l’angle droit sont si rares qu’ils en fascinent mathématiciens et scientifiques est une réalité. Il suffit de considérer le principe d’incertitude, pilier en physique, ou encore la raison gouvernant la valeur du nombre Pi, que personne n’a déterminé à l’heure actuelle.
Mais outre lignes et silhouettes, Windows s’attaque à un tout autre concept. À l’image d’un environnement réel qui baigne dans une source lumineuse commune, les objets visuels interagissent entre eux sous forme d’ombres, de réfractions et de diffusions lumineuses. Les combinaisons d’aplats de couleurs font place à des combinaisons de matériaux, ou plutôt à des combinaisons de comportements lumineux de matériaux.
Au-delà de la connotation purement esthétique, l’animation des objets de l’interface est un point crucial. Il s’agit de simuler virtuellement des mouvements qui pourraient être provoqué réellement sous les lois de la physique. C’est ainsi que l’aspect organique s’élabore.
Toute la nuance de ces principes est de trouver un équilibre, aussi subtile soit-il. Windows 11 semble le maitriser.
Le mélange de translucidité, de sobriété visuelle associée à la vivacité et franchise des icônes prennent vie avec des animations au subtil compromis entre grâce et réactivité immédiate.
L’ensemble donne une sensation sobre, élégante, résolument contemporaine et moderne tout en évitant l’austérité et la froideur que peuvent dégager ces principes lorsqu’ils sont mal dosés.
À l’image d’une architecture aux lignes franches et au mille nuances de gris réhaussée par la fluidité d’une plante, d’un tableau d’artiste ou de touches dérogeant à ces principes, Windows 11 se conjugue avec des interfaces plus chaleureuses, humaines et naturelles que jamais auparavant.
Cette recherche pour élaborer des interfaces si naturelles et abouties en fait un paradoxe : en 2022, la philosophie de conception de Windows rejoint celle de MacOS. Pour autant il semble difficile de penser que Microsoft copie la démarche d’Apple. Il suffit de comparer des interfaces comme celle des réglages pour se rendre compte que la démarche ergonomique est très différente.
Le principe même derrière la refonte de Windows est largement identitaire : Windows ose changer drastiquement sa conception graphique au fil des années, quand MacOS suit un fil directeur depuis des décennies qui pousse certes à l’épuration, mais tout en conservant certains fondements esthétiques (la philosophie des icônes est bien plus proche graphiquement d’objets physiques chez Apple qu’avec les lignes abstraites employés chez Microsoft). Mais l’idée par exemple de la translucidité, des interactions visuelles est employée communément.
Kevin Gallo, responsable de la plateforme de développement chez Microsoft justifia ce phénomène dans une interview (traduit de l’Anglais) : « Un bon design a tendance à ressembler à d’autres. Nous apprenons les uns des autres, mais Fluent Design existe depuis longtemps et nous évoluons avec la façon dont les gens utilisent nos appareils ».
Malgré le travail accompli, de nombreuses modernisations restent à opérer.
Malgré la volonté de faire plus que jamais un Windows unifié, beaucoup de subtilités, de détails passent à la trappe. Les dates limites de livraison de l’OS obligent l’entreprise à le moderniser au fur et à mesure des mises à jour, logiciel après logiciel, onglet après onglet. Microsoft s’est attaqué au plus gros de son OS, aux interfaces que l’on côtoie dès le premier démarrage et aux logiciels les plus utilisés.
Mais pour autant, l’entreprise semble vouloir aller beaucoup plus loin avec ce Windows, à l’image de certaines interfaces moins « grand public » qui sont déjà repeinte sous l’ère du Fluent Design. C’est par exemple le cas avec le gestionnaire de tâches ou encore le bloc-notes. Un indice fort de la direction que prend le système d’exploitation.
Pour autant et comme l’illustre la diapositive ci-dessus, le travail à accomplir pour aboutir et rendre cohérent de fond en comble Windows reste très conséquent.
Mais la plus belle des nouvelles demeure là : en 2022, l’équipe menée par Panos Panay semble profondément décidée à rompre définitivement avec l’image vieillie, désunifiée et brouillonne qui colle à Windows !
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