|Écrit de Louis Viratelle. Édition Alexandre Pierrat.
Avec la participation de Jason Pavillard.
Publié le 03 février 2021.
|Écrit de Louis Viratelle. Édition Alexandre Pierrat.
Avec la participation de Jason Pavillard.
Publié le 3 février 2021.
La crise sanitaire du COVID-19 nous suit maintenant depuis pratiquement un an. Après avoir montré les grands défauts de notre société et la quasi absence de préparation de la plupart des pays face à ce genre d’évènement, les péripéties inédites que nous vivons prennent un nouveau virage motivant. L’espoir du retour à une normalité des possibilités et des libertés est avant tout un défi scientifique.
En effet, les quelques mois passés sous la crainte d’un avenir incertain tant économiquement que psychologiquement et socialement, semblent trouver une issue : la vaccination.
Louis Pasteur, un scientifique français du 19ième siècle est l’homme qui est à l’origine du vaccin contre la rage, et plus largement du vaccin. Ses travaux en microbiologie lui auront permis de rendre viable pour la toute première fois la vaccination. Louis Pasteur est en fait à l’origine d’une révolution sanitaire et de la vie en société. Il est celui qui aura permis de normaliser la propagation de certains virus en les rendant finalement inoffensifs, ou du moins bien moins dangereux.
Les travaux sur la vaccination reposent sur de longues phases d’observation et de compréhension. Ce sont les observations de Pasteur qui ont permis de définir le principe viable pour vacciner. En effet l’injection artificielle sur un être vivant d’une « substance » afin de le préparer à une attaque naturelle d’un virus existait bien avant les études de Pasteur sur la fermentation (ce qui lui mènera à travailler sur les maladies contagieuses).
Mais c’est Louis Pasteur qui fera la différence entre l’injection d’un virus inoffensif naturel pour préparer le corps à combattre ceux dangereux, et l’injection directe du virus dont les souches sont dangereuses. Le principe est alors d’atténuer la dangerosité du virus tout en gardant ses caractéristiques virales. Dans ces conditions, le système immunitaire répondra à une attaque de la même manière que si le virus était apparu naturellement.
Face à l’injection inoffensive pour le corps mais qui est pourtant reconnu comme tel par ce dernier, le système immunitaire prend connaissance des spécificités du virus et adapte sa réponse pour « combattre plus efficacement ».
La vaccination est dans les faits un entrainement grandeur réel de notre corps pour qu’il puisse accroitre significativement son efficacité de combat si un jour la souche se développe naturellement dans le corps en question.
Pour enlever la dangerosité à un virus, trois méthodes sont utilisées. La première consiste à « désactiver » le virus entièrement ou partiellement pour qu’il ne soit plus en mesure de se développer. Pour arriver à cette fin, le virus originel est soumis à un traitement chimique qui va permettre de conserver ses caractéristiques tout en l’empêchant de se développer. Ainsi, il sera considéré comme un corps étranger dangereux par le système immunitaire sans qu’il possède pour autant les moyens nécessaires pour se développer. Il s’agit de vaccins « inactivés ».
Le second moyen consiste à provoquer la reproduction du virus de nombreuses fois à l’aide de cultures s’appuyant de souches cellulaires (cellules indifférenciées capables de s’auto-renouveler, de se multiplier à l’infinie). A chaque reproduction, le virus perd de sa dangerosité. Elle est estimée faible après un certain nombre de reproduction. Cette duplication du virus inoffensif constitue le vaccin qu’il faudra injecter pour provoquer les mêmes réactions que décrites précédemment. Il est question de vaccins « atténués ».
Le dernier moyen de créer un vaccin est assez différent des deux techniques précédentes. Un virus possède des protéines de surface. Ces parties du virus sont propriétaires des identifiants de ce dernier, des éléments le caractérisant. Pour autant, les protéines de surface ne possèdent pas l’aspect structurel nécessaire pour être pathologique et néfaste pour un être vivant, elles sont distinctes du noyau d’une cellule.
Un vaccin à ARN Messager consiste à greffer à des nanoparticules lipidiques neutres, non dangereuses une instruction comportant les codes nécessaires à la production d’un élément du virus à combattre. Ainsi, nous obtenons un ARN messager. Cet ARN messager contenu dans le vaccin va donc pénétrer dans notre corps. Et comme n’importe quel ARN messager, il va solliciter les noyaux de nos cellules, et lui porter une instruction, celle de produire une partie du virus, plus exactement de produire la protéine Spike.
Cette protéine permet de caractériser et d’identifier le virus que le vaccin doit permettre de combattre. De ce fait, notre corps va générer cette protéine (inoffensive car il ne s’agit pas de fabriquer le virus dans son entièreté), et notre système immunitaire va l’identifier comme dangereuse et pourra le combattre, en préparation à une réelle intrusion.
Cette technique à ARN messager sollicite donc notre ADN et provoque artificiellement la production de cellules d’un certain type. Pour autant et malgré leur nom se rapprochant, l’ARN n’est en aucun cas en mesure de pénétrer notre ADN, ni même de le modifier. L’ARN n’est qu’un messager qui transmet une instruction, comme notre corps le réalise naturellement en permanence.
Mais il est vrai qu’il existe certains ARN messager qui sont en mesure de modifier notre ADN. C’est le cas du VIH qui est à l’origine du SIDA. Pour autant, la classification des ARN messager est connue et est étudié depuis plus de 20 ans. Et les caractéristiques des ARN messager du VIH sont beaucoup plus complexes et divergentes de celles communes à la plupart des autres ARN messager comme celles utilisé dans les vaccins vectorisés contre la COVID-19.
L’utilisation des vaccins vectorisés à large échelle est une première pour combattre un virus. Ce choix est largement revendiqué comme légitime par le consensus scientifique mondial spécialiste de la vaccination. Il permet des avantages certains dans les chaînes de production en terme de rapidité de fabrication du vaccin, et une très bonne efficacité pour préparer notre corps à combattre un virus.
Depuis les débuts de la vaccination en 1902, la France oblige sa population à être vaccinée contre certaines maladies. Depuis plus d’un siècle, ce partie prix est en constante évolution. Au fil des années, le nombre de vaccins obligatoires n’a cessé d’augmenter. Ces lois sont soumises au vote par les députés, dans les mêmes circonstances que pour n’importe quel vote. Dans l’hexagone, il est donc obligatoire d’être vacciné contre certaines maladies. Les enfants de moins de deux ans doivent par exemple recevoir une dose de vaccination contre la diphtérie, le tétanos, la polio ou encore la coqueluche, la rougeole, les oreillons, la rubéole et l’hépatite B pour ne citer qu’eux.
La vaccination est par exemple vérifiée dans le milieu scolaire, où elle est nécessaire pour franchir les portes de l’éducation.
Bien que cette politique inchangée et souvent largement unanime dans le milieu politique soit de moins en moins appréciée positivement par les français, elle s’orchestre sous les directives d’une volonté, sauver un maximum de vies et protéger la population, quitte à ne point laisser le choix aux opposés du principe vaccinal.
Cette stratégie s’est avérée plus qu’efficace pour éradiquer totalement d’une population certaines maladies comme la variole.
Mais entre le début du siècle dernier et la période actuelle, l’Etat français a fait fluctuer sa politique à une reprise. En effet il fut un temps question de modérer le nombre de vaccins obligatoires en pariant sur une liberté plus grande de se faire vacciner contre certaines maladies.
Mais durant ces dernières années, la confiance envers la médecine et la vaccination a baissée suite à certains scandales mais également à cause de l’émergence de fausses informations (qui ont un potentiel de circulation beaucoup plus grand avec Internet).
Ce climat tangible et houleux sur cette pratique dont les résultats restent pour autant unanimes concernant son efficacité est devenue de plus en plus préoccupant pour les politiques.
Dès lors, en 2016, la ministre de la Santé Marisol Touraine a souhaité améliorer la pertinence des communications sur la vaccination pour mieux informer la population, ainsi que de faire le pari d’une transparence informationnel accrue la concernant. A terme, l’obligation vaccinale voulait être levée pour faire place à « une adhésion de la population à l’acte de la vaccination ».
Quelques mois plus tard, d’autres vaccins deviendront à leur tour obligatoire, marquant une rupture avec l’idée de la liberté vaccinale.
Outre la délicatesse des questions politiques de soumission de la population pour se faire vacciner, la vaccination permet également d’éviter d’engendrer des saturations dans les hôpitaux et de trouver un équilibre dans les systèmes de soin médicaux. Elle reste dès lors un sujet sociétal majeur et fondamental tant la réussite du principe vaccinal repose sur son adoption massive.
Depuis quelques semaines, divers laboratoires du monde entier présentent leur vaccin contre la COVID-19. Mais ces prouesses de rapidité d’élaboration du vaccin qui n’auraient même pas été croyables un an plus tôt ont attisées beaucoup de craintes et d’inquiétudes. En effet, la concrétisation d’un vaccin ou du moins de ceux utilisés jusqu’alors ont mis plusieurs années, et ont nécessité de nombreuses phases d’expérimentation, notamment pour juger leur efficacité, mais également les effets secondaires qu’ils peuvent produire.
Pour produire un vaccin, un premier temps est consacré à l’étude de la maladie, tant sur ses spécificités que sur la réponse du corps humain lorsqu’il fait face à celle-ci. S’ajoute à cela une première prise de conscience des différents moyens de concrétisation d’un vaccin.
Ces premiers travaux communs à chaque laboratoire ont permis de regrouper les études à travers le monde et de partager les avancés de chacun afin qu’une connaissance générale concernant la maladie à COVID-19 soit établie. Mais bien avant que l’épidémie débute, certains laboratoires travaillaient déjà sur la famille des Coronavirus.
En effet, d’un point de vue scientifique certaines spécificités du Coronavirus avait déjà été établies. Ce type de maladie affectait notamment certains bébés, mais de manière peu virulente et sans conséquence problématique dans la majeure partie des cas. C’est ainsi que cette phase d’étude a pu être largement réduite et rendue plus efficace : l’association des laboratoires, le partage des différentes informations et l’appui sur des travaux déjà réalisés précédemment ont réduit le temps nécessaire pour correctement cerner la maladie.
A l’issu de cette phase, les laboratoires décident de mobiliser leurs travaux sur l’élaboration d’un vaccin précis. Ces choix assez globaux (comme décrit précédemment avec les vaccins inactivés, atténués ou bien vectorisés) comme beaucoup plus techniques sont propres à chaque laboratoire qui vont prendre des partis prix stratégiques divergents.
Ainsi débute les études précliniques, des fois à l’aide de tests sur des animaux qui réagiront de manière similaire à l’homme.
Une fois cette phase accomplie et le vaccin jugé assez convainquant pour poursuivre son développement, les études cliniques allant de la phase I à la phase III permettent d’analyser le comportement du vaccin sur des volontaires afin d’établir différents paramètres nécessaires pour que le vaccin soit efficace, mais également de comprendre les potentiels effets secondaires.
Ces études cliniques nécessitent souvent beaucoup de temps afin de pouvoir explorer et déterminer l’ensemble des effets secondaires potentiels et de juger le comportement dans le temps (temps incompressible…) du vaccin, son efficacité après plusieurs mois, sa viabilité à combattre des mutations. Ces phases cliniques ont été décriées concernant les vaccins contre la COVID-19.
En effet, les différents laboratoires admettent ne pas avoir réalisé des études aussi précises sur ces vaccins, afin de les livrer le plus rapidement possible quitte à être incertain concernant des paramètres comme leur efficacité dans le temps. Pour autant les laboratoires assurent avoir respecter les protocoles et ne pas avoir négligé une quelconque étape ou données lors de l’élaboration de leur vaccin.
Suite à la proposition des laboratoires, les vaccins doivent être homologués par des organismes régulateurs pour être commercialisés. En Europe, l’homologation est réalisée par l’European Medicines Agency. Ces homologations sont censées approuver de manière indépendante l’efficacité des vaccins et leurs effets secondaires avant de les produire à large échelle. Là encore, les délais d’approbation ont été largement réduits et ont laissé les inconnus précédents en suspend sur la caractérisation large des effets secondaire et l’efficacité sur le long terme.
Depuis quelques semaines, la campagne vaccinale contre la COVID-19 s’organise massivement, en particulier dans les pays développés qui restent les plus touchés par cette pandémie. Durant cette phase de vaccination de la population à grande échelle, des études supervisent les effets secondaires constatées. Le 22 janvier 2021, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a publié son premier rapport de constat des effets secondaires après la première injection du vaccin des laboratoires Pfizer et BioNTech qui concerne 388 730 personnes entre le 27 décembre 2020 et le 15 janvier 2021. Sur cette période, 135 évènements reportés ont des liens avec le vaccin de Pfizer et BioNTech.
Sur ces évènements, 22 sont des cas graves qui ont nécessités un diagnostic médical plus approfondi. Les effets secondaires les plus notables sont la tachycardie (augmentation du rythme cardiaque) notamment chez les personnes ayant des antécédents cardiaques précédemment diagnostiqués. Des allergies ont également été visibles, dont des chocs anaphylactiques dans trois cas. L’ensemble de ces cas n’ont pas engendré de complications sur le long terme, les patients ont pu être rétabli en 24 heures maximum.
Certains évènements plus rares sont survenus, mais ne révèlent pas de lien direct avec le vaccin étant donné les conditions des personnes en question. Nous pouvons citer la mort d’une résidente en Ehpad deux heures après l’injection du vaccin. Après investigation, il s’est avéré que l’état délicat de la personne ne permet pas ne remettre en cause l’injection de la dose vaccinale comme étant à l’origine du décès. D’autre complication chez certains patients comme des dissections aortiques ont été notables.
Globalement et au vu du nombre de personnes vaccinées, aucun effet secondaire montrant une corrélation directe entre le vaccin et une complication médicale grave et problématique à large échelle n’a pour le moment été établie dans ce rapport.
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