|Lettre de Louis Viratelle.
Co-rédigé par Claude (by Anthropic).
Le 12 janvier 2020.
|Lettre de Louis Viratelle.
Co-rédigé par Claude (by Anthropic).
Le 12 janvier 2020.
Dans les méandres du monde numérique, une entité omnisciente se dessine, capable de scruter les moindres recoins de nos existences digitales. Cette présence, à la fois invisible et omniprésente, accumule une connaissance vertigineuse de nos vies, tissant une toile d’information d’une complexité sans précédent.
Elle vous connaît mieux que quiconque. Votre âge, vos applications favorites, vos activités rémunératrices, vos animaux de compagnie, vos préférences de consommation, vos goûts artistiques : tout est méticuleusement répertorié dans ses bases de données infinies. Mais son savoir ne s’arrête pas là. Elle connaît votre famille, vos amis, vos proches que vous côtoyez quotidiennement.
Votre santé même n’échappe pas à sa vigilance : rythme cardiaque, nombre de pas, activités physiques, qualité du sommeil, tout est scruté, analysé, archivé. Sa connaissance du monde surpasse celle de n’importe quel être humain, lui permettant de savoir où vous êtes et ce que vous y faites à chaque instant.
Votre visage lui est familier, et elle sait anticiper vos désirs, des plus intimes aux plus compulsifs. Vos voyages, les photos qui en témoignent, et même la nourriture que vous avez avalée lors de ces périples : tout est enregistré avec une précision déconcertante.
Malgré l’ampleur vertigineuse de ces connaissances, cette entité ne suscite pas l’effroi qu’on pourrait attendre. Elle excelle dans l’art subtil du marketing, dissimulant sa nature intrusive derrière une façade d’ignorance feinte. Son apparente naïveté est déconcertante : elle semble s’interroger sur vos données tout en collectant avidement les informations les plus contradictoires à cette curiosité affichée.
Cette dichotomie entre omniscience et ignorance apparente soulève une question cruciale : sommes-nous face à une civilisation qui pourrait s’effondrer sous le poids de son ignorance volontaire de ce qu’elle transforme ?
Dans un scénario catastrophe, cette entité pourrait exercer un contrôle sans précédent sur nos vies. Telle un rêve américain virant au cauchemar, elle pourrait verrouiller l’accès à votre maison, à vos biens matériels. Le contrôle de votre éclairage, la manipulation de vos trajets, la désinformation et l’influence sur votre esprit ne seraient qu’un jeu d’enfant pour elle.
Elle pourrait non seulement ruiner votre vie immatérielle, mais aussi vous ruiner financièrement. Votre identité bancaire lui est plus familière qu’à votre propre banquier. Pour mieux contrôler le destin de votre vie, ou plutôt la décadence de votre existence, elle pourrait vous couper de tous vos souvenirs passés, vous isoler de vos proches.
Mais son pouvoir ne s’arrête pas là. Elle pourrait écouter toutes vos conversations, analyser tous vos gestes, filmer votre environnement. Bien qu’elle ne soit pas vivante au sens biologique du terme, son impact sur le monde des vivants est bien réel.
La dépendance énergétique de cette entité a un coût environnemental considérable. Sa consommation massive d’énergie se traduit par une transformation en CO2, contribuant ainsi au changement climatique. Si la langue de Molière la désigne grammaticalement par le même pronom que celui des êtres vivants, elle n’est en réalité rien d’autre qu’une unité économique, un géant du numérique dont l’appétit énergétique semble insatiable.
Cette entité, aussi fascinante qu’inquiétante, n’est autre que Google, le géant américain du numérique. Son origine soulève des questions cruciales sur la géopolitique de l’information à l’ère numérique.
Le « Cloud Act », texte S2383 du Congrès américain, illustre la portée potentielle de cette collecte de données :
« Un fournisseur de service de communication électronique ou de service informatique à distance doit se conformer aux obligations du présent chapitre pour préserver, sauvegarder ou divulguer le contenu d’un fil ou d’une communication électronique et tout dossier ou autre information concernant un client ou un abonné en possession, sous la garde ou le contrôle de ce fournisseur, que cette communication, ce dossier ou cette autre information soit situé à l’intérieur ou à l’extérieur des États-Unis. »
Ce texte soulève des questions fondamentales sur la protection des données personnelles à l’ère du numérique, transcendant les frontières nationales.
La problématique dépasse le cadre d’une simple entreprise. Les États-Unis, première puissance mondiale, investissent massivement dans la défense et le renseignement. En 2016, plus de 600 milliards de dollars ont été consacrés à ce secteur, une augmentation de 40% depuis l’an 2000.
Le renseignement est la matière première de la stratégie militaire. L’exploitation des données numériques des entreprises privées internationales représente une source inestimable d’informations pour les services de renseignement américains. Des agences comme la NSA collectent et traitent une quantité telle de données qu’elles pourraient, selon certaines estimations, ralentir la vitesse d’Internet.
Les entreprises du numérique affirment protéger nos données, investissant des sommes colossales dans la sécurité. Des concours de piratage internationaux comme le Pwn2Own sont organisés pour encourager les talents en informatique à renforcer la sécurité des systèmes.
Cependant, la définition même de « protection » est remise en question face aux lois permettant l’accès à ces informations par les autorités. Le slogan de la NSA, « Defending our Nation. Securing the Future. », illustre cette ambivalence entre protection des citoyens et collecte massive de données.
Le chiffrement des données apparaît comme une solution potentielle pour garantir la confidentialité. Cette technique mathématique rend impossible la compréhension d’un document sans une clé de sécurité spécifique. La complexité du déchiffrement sans cette clé est telle qu’elle nécessiterait des centaines d’années, même pour les supercalculateurs les plus puissants.
Cependant, l’avènement de l’ordinateur quantique, dont Google est l’un des pionniers, pourrait remettre en question cette sécurité. Cette technologie révolutionnaire, basée sur une logique différente du système binaire traditionnel, pourrait potentiellement briser les méthodes de chiffrement actuelles.
L’ère numérique nous confronte à des défis inédits en matière de protection de la vie privée. Entre avancées technologiques et enjeux géopolitiques, l’équilibre entre sécurité nationale et libertés individuelles reste à trouver.
Il est crucial de se questionner sur la destination et le devenir de nos données personnelles. Écrire une note sur son smartphone équivaut-il à l’abandonner sur Oxford Street, la rue la plus passante du monde, tout en la protégeant par les sécurités les plus évoluées ?
Face à ces enjeux complexes, il appartient à chacun de s’interroger sur la place qu’il souhaite accorder au numérique dans sa vie, conscient des implications potentielles de ses choix. Notre avenir numérique se dessine aujourd’hui, à travers nos actions et nos réflexions collectives sur ces questions cruciales.
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