L’agence Roscosmos annonce que la Russie quittera l’ISS après 2024

Pour la première fois dans l’histoire de la Station Spatiale Internationale, le contrat qui unissait les différents partenaires de ce bien commun à l’humanité devrait être rompu.

|Écrit de Louis Viratelle
Merci pour la participation de Mathis Archambaud
Publié le 27 juillet 2022. 

|Écrit de Louis Viratelle. 
Merci pour la participation de Mathis Archambaud
Publié le 27 juillet 2022. 

Depuis quelques mois, l’agence spatiale Russe fait face à un contexte qui défavorise fortement sa compétitivité et ses intérêts à contribuer à l’ISS. Depuis la fin de la Navette Spatiale Américaine, le module Soyouz était l’unique capsule qui assurait les rotations d’équipage depuis la station spatiale. Mais l’émergence de SpaceX et de compétiteurs américains a cassé brutalement le monopole Russe.

La capsule Crew Dragon est désormais utilisée d’office par les astronautes américains pour atteindre l’ISS. Les Européens et l’ensemble des contributeurs (hormis la Russie) devraient plutôt se tourner vers les systèmes américains (d’autant plus avec la guerre en Ukraine). La conception résolument moderne de Crew Dragon tranche farouchement avec la très fiable proposition Russe.

Cette situation a fait rompre l’âge de gloire de Roscosmos. Mais c’est bien la guerre en Ukraine menée par les Russes (Roscosmos est sous contrôle total du Kremlin), la situation géopolitique ultra tendue et la rupture des projets internationaux avec la Russie qui marque un virage sans précédent. Le pays est aujourd’hui très isolé économiquement, et le Kremlin semble soutenir une approche bien moins coopératrice pour l’avenir des projets spatiaux de son agence nationale. 

Cet isolement, conséquence du conflit militaire, provoque de grandes difficultés pour Roscosmos, qui peut très difficilement s’approvisionner avec des partenaires en dehors de la Russie (selon les communications officielles). Elle évoque travailler sur une station spatiale Russe (surement à l’image de la trajectoire empruntée par les Chinois), et des projets avant tout orientés pour assurer la souveraineté et l’indépendance du pays dans le spatial.

Cette trajectoire s’est donc concrétisée dès ce 26 juillet 2022, où Iouri Borissov, le nouveau patron de Roscosmos, a évoqué dans une discussion publique entretenue avec Vladimir Poutine l’arrêt de la contribution Russe à l’ISS après 2024. Cette communication a été publiée et relayée par les médias Russes puis du monde entier. La NASA a indiqué sur le moment des faits n’avoir reçu aucune notification officielle de la part de l’agence Russe alors qu’elle demeure l’agence pilote dans ce projet international. Pour autant, elle s’est exprimée quelques heures par la suite pour informer que l’agence Russe lui avait indiquée qu’elle ne cesserait sa contribution à l’ISS qu’une fois que la station spatiale russe serait concrétisée. Elle devrait donc continuer à contribuer à l’ISS au moins jusqu’en 2028, ce qui est en somme… après 2024 !


Les dernières années d'usage de l'ISS sans la Russie ne devrait pas poser de problèmes majeurs

Concernant l’ISS, elle reste aujourd’hui bien moins dépendante de la contribution Russe pour fonctionner (comme cela a pu être le cas il y a quelques années). Comme dit précédemment, les partenaires ont aujourd’hui le module de SpaceX pour y conduire des équipages et demain la capsule Starliner de Boeing devrait aboutir ses tests en vol et répondre aux mêmes besoins. 

Les Occidentaux sont également en mesure de construire et d’envoyer des véhicules de ravitaillement, tout comme effectuer des sorties extravéhiculaires. La gestion de l’orbite de l’ISS peut être modifiée en se servant de la propulsion de ces vaisseaux, même si les modules Russes sont équipés de propulseurs servant à ce même effet. L’entretien des modules n’est pas menacé non plus, même s’il demeure sûrement énormément de points annexes à traiter pour préparer le retrait de la contribution de Roscosmos à la station. Iouri Borissov a d’ailleurs indiqué que l’agence allait « sans doute remplir toutes [ses] obligations à l’égard de [ses] partenaires »

Il reste que la fin de vie de l’ISS approche. Une échéance est prévue en 2031, date qui marquerait la fin de l’usage de la station. La structure devrait entrer dans l’atmosphère, en direction de l’océan. L’aboutissement donc d’un projet scientifique, alors que les esprits et les efforts de collaboration sont de plus en plus tournés vers une station qui évoluerait sur une orbite autour de la Lune. 

Ce projet qui s’inscrit dans l’objectif de retourner sur la Lune devrait s’organiser dans une logique similaire de collaboration internationale, sans la Russie cette fois-ci. Pour autant il se pourrait que des entreprises privées concrétisent demain une ou des stations sur une orbite terrestre, peut-être à des fins plus touristiques que scientifiques.

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