Arianespace présente « Susie », un projet de véhicule spatial pouvant effectuer des missions habitées

C’était l’une des annonces inattendues lors du Congrès International d’Astronautique tenu à Paris, le 18 septembre dernier. Avec « Susie », Arianespace se voit directement en tant qu’acteur Européen pour envoyer des humains dans l’espace, à l’image des capsules de SpaceX, Soyouz et Boeing.

|Écrit de Louis Viratelle
Vue d’artiste : communiqué de presse ArianeSpace. 
Publié le 20 septembre 2022. 

|Écrit de Louis Viratelle. 
Vue d’artiste : communiqué de presse ArianeSpace. 
Publié le 20 septembre 2022. 

C‘est à l’occasion d’une conférence tenue par Arianespace que le groupe dévoila un de ses projets pour les années qui arrivent. Dans la lignée de l’évolution de ses lanceurs, ArianeSpace se voit concurrencer Américains, Russes et Chinois pour envoyer des hommes dans l’espace. Le concept « Susie » (Smart Upper Stage for Innovative Exploration) présenté est un étage supérieur, directement adaptable pour le futur lanceur Ariane 6.

Réutilisable, automatisée (mais pouvant être pilotée manuellement au besoin), la capsule dévoilée n’est pas sans rappeler la modernité du Crew Dragon de SpaceX. Le vaisseau serait en mesure d’embarquer 5 personnes, contre 3 pour le module Soyouz, 7 pour CrewDragon. La baie intérieure du véhicule aurait un volume de 40m3, pour une longueur extérieure de 12m, une largeur de 5m et une masse totale de 25 tonnes.

Les caractéristiques dévoilées sont pour l’instant succinctes. Le projet n’est qu’à l’état de concept, même si ArianeSpace travaille déjà dessus avec Airbus Defence & Space et Thales Alenia Space dans le cadre du New European Space Transportation Solutions, un programme spatial de l’ESA.

La modularité de « Susie » semble être le mot maître. Associé à un module de service et de propulsion supplémentaire, ce véhicule pourrait par exemple se convertir en cargo et rejoindre la future station orbitale lunaire (qui devrait s’établir dans le cadre du programme Artemis). Il serait également capable d’emmener un équipage vers une telle destination.

ArianeSpace a donné d’autres exemples, comme avec l’idée d’emmener un équipage dans l’espace pour mener des opérations sur des satellites. « Susie » pourrait aussi s’amarrer à la Station Spatiale Internationale, à l’image de Crew Dragon, ou encore déployer un satellite sur une orbite spécifique.

Enfin, dernier exemple cité, le véhicule pourrait contribuer à réduire la pollution dans l’espace. Il pourrait en effet désorbiter des satellites en fin de vie ou en panne afin qu’ils se désintègrent dans l’atmosphère et éviter ainsi qu’ils deviennent des obstacles dangereux.

ArianeSpace laisse déduire des vues d’artiste diffusées que « Susie » serait capable de faire une entrée atmosphérique contrôlée une fois les opérations dans l’espace effectuées, pour revenir sur la terre ferme via un système de rétropropulsion, ou encore plus « classiquement », sur la surface de l’océan (on image via l’intermédiaire de parachutes).

Le développement d’un tel véhicule spatial s’inscrirait dans une logique d’évolution sur le long terme. Après Ariane 6 qui devrait opérer sur une durée réduite (à l’échelle du spatiale), « Susie » pourrait devoir être lancé depuis « Ariane Next », le lanceur lourd réutilisable européen qui devrait succéder à Ariane 6. Le pas de tire Guyanais nécessiterait en tout cas d’être largement modifié pour pouvoir assurer le décollage d’un lanceur équipé de « Susie ».

Afin, il est bon de garder en mémoire que ces premières spécificités et vues d’artiste ne sont qu’abstraites. Comme avec tout projet et notamment comme avec tout projet spatial, les modifications avant d’obtenir une version fonctionnelle seront nombreuses.

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Vue d’artiste de la capsule « Susie », dans différentes configurations.


Beaucoup d’ambitions théoriques pour une quête à l’achèvement d’une étape très concrète et décisive : les financements

Si cette conférence présente la matière nécessaire pour faire rêver, le projet n’a pour l’instant rien de concret. L’ESA a la tâche de valider ou non le projet, c’est là un point crucial pour qu’il puisse s’établir. Rappelons tout de même que le budget de l’agence européenne alloué aux missions habitées est inférieur à 10% de ses ressources financières annuelles. Comme pour tous les projets spatiaux s’ampleur, l’agence à elle seule ne pourra assurer financièrement le développement d’un tel véhicule même si elle approuve le projet.

Arianespace ne peut en effet espérer aboutir son projet qu’avec des soutiens financiers européens et nationaux additionnels. Plusieurs pays doivent nécessairement rejoindre le projet, (avec en ligne de mire les politiques françaises qui sont directement impliquées) pour apporter le support financier nécessaire pour que le véhicule puisse s’établir.

Seule l’ambition européenne et politique décidera donc du devenir de « Susie », qui pourrait peut-être faire oublier définitivement l’amertume laissée par l’inachèvement de la navette Hermès (justement à cause de son coût).

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