|Écrit de Louis Viratelle.
Remerciements à Mathis Archambaud pour sa contribution.
Publié le 2 septembre 2022.
|Écrit de Louis Viratelle.
Remerciements à Mathis Archambaud pour sa contribution.
Publié le 2 septembre 2022.
Racheté par Qualcomm en 2021, Nuvia était l’espoir principal pour le leader mondial des SoC smartphone de s’attaquer plus intensément au marché des ordinateurs. Cette acquisition lui a permis de mettre la main sur des ingénieurs clés des processeurs ARM, ayant notamment travaillé pour Apple, mais aussi pour ARM, Broadcom, Google ou encore AMD.
Mais ARM n’a pas vu d’un très bon œil ce rachat. L’acquisition a permis au constructeur de puces Snapdragon de récupérer tout un ensemble de documents et licences détenus par Nuvia. L’objectif est clair, cet achat a permis à Qualcomm de s’approprier les travaux de pointe de la startup pour le développement d’une alternative à Apple Silicon.
Mais c’est une histoire d’accord entre Nuvia et ARM (l’entreprise britannique à l’initiative de l’architecture et qui conserve des propriétés intellectuelles sur ces cœurs) qui pose aujourd’hui un problème. L’entreprise Nuvia travaillait initialement au développement de l’architecture ARM pour le segment des processeurs pour serveur. Nuvia a donc scellé un accord avec ARM pour utiliser cette architecture dans ce but précis.
Mais le rachat par Qualcomm de l’entreprise fait rompre les engagements initialement pris avec ARM, qui décide aujourd’hui de porter plainte contre Qualcomm. ARM lui reproche de s’être approprié des travaux dans un objectif divergent de celui initialement prévu dans l’accord avec Nuvia. Avec cette plainte, elle espère que Qualcomm sera contraint de détruire les documents et licences que détenait l’ex-entreprise Nuvia.
En dépit de connaître la décision finale qu’apportera la justice américaine, c’est le développement des puces ARM pour les ordinateurs portables qui va en subir les conséquences. Alors que l’objectif de Qualcomm est de concevoir, produire à grande échelle et commercialiser une puce rivale à la M1 d’Apple (déjà succédée à la M2 qui est encore plus puissante), ses plans devraient à minima être retardés. Un comble alors que l’industrie des ultraportables Windows accuse de réelles faiblesses.
Les différents acteurs (Surface, Dell, Asus, ou HP pour ne citer qu’eux) sont contraints de se limiter aux processeurs x86 d’Intel et AMD. Or malgré le travail des entreprises pour faire évoluer cette architecture, elle demeure bien moins adaptée aux ultraportables. Les ultraportables Windows ont des processeurs qui consomment bien plus que les MacBook, qui chauffent davantage et qui accusent des puissances très inférieures, notamment pour les tâches de courte durée. Cette puissance est d’autant plus altérée sur batterie à cause de leur consommation, mais aussi à cause du throttling qui bride bien plus drastiquement la puissance de ces appareils Windows face aux MacBook.
Mais au-delà de l’aspect uniquement matériel, c’est Windows lui-même qui doit assurer une grande transition de son système d’exploitation vers ARM. L’immense écosystème logiciel qui l’environne et la dépendance de Microsoft aux autres entreprises pour les puces ARM sont des obstacles qui pèsent pour la transition de l’OS.
Elle essaye pour autant de proposer un kit software pour inciter les développeurs à adapter leur logiciel à ARM, sans obtenir le succès rencontré par Apple (qui a également mis au point l’interpréteur Rosetta 2 qui permet de faire fonctionner les logiciels programmés en x86 sur les puces ARM).
À l’image d’Apple, sans puce qui apporte un gros bénéfice sur la puissance, la chauffe et l’autonomie, ni système d’interopérabilité des logiciels x86 sur ARM très abouti, la transition devient très difficile. En contrepartie, le simple fait qu’un appareil aussi massivement acheté qu’un MacBook Air entre sur le marché avec cette nouvelle architecture suffit à faire transiter rapidement les développeurs vers cette nouvelle plateforme.
Apple demeure un acteur à part pour aboutir rapidement ce genre de transition très délicate (il s’agit là des bases les plus profondes des appareils numériques qui supportent toute l’informatique développée et exécutée). Développer en interne les processeurs, les systèmes d’exploitation et les langages de programmation utilisés au sein des appareils commercialisés par l’entreprise facilite grandement la tâche quand il s’agit de mener à bien une telle modification technique et structurelle.
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