Neuralink prouve ses avancés : le cerveau humain augmenté par la technologie est plus qu'une ambition lointaine

L'entreprise d'Elon Musk veut intégrer des puces électroniques sur le cerveau humain pour pallier à des maladies, mais vise également à augmenter nos capacités neuronales.​​

|Écrit de Louis Viratelle
Publié le 6 septembre 2020. 

 

|Écrit de Louis Viratelle
Publié le 6 septembre 2020. 

Neuralink a été fondé par l’Américain Elon Musk et son équipe en 2016. La société développe des composants électroniques et l’informatique associée dont le but est l’intégration physique dans le cerveau. Le défi est d’augmenter avec des technologies de pointe nos capacités cérébrales.
Dans le cadre de ce projet, Elon Musk en personne a tenu une conférence le 28 août dernier afin de présenter les dernières avancées de l’entreprise.
Au programme, une démonstration réelle des capacités du dernier composant développé par l’équipe… sur des cochons.

L’implant en question n’est pas plus imposant qu’une grosse pièce de monnaie d’un diamètre de 23 mm et d’une épaisseur de 8 mm. Le composant est inséré dans la boîte crânienne (dont un morceau doit être retiré) et plus d’un millier de fils sont reliés à différentes localisations neuronales.
L’intervention est dite légère et la pose de l’implant ne prendrait que peu de temps.
L’entreprise développe un système robotisé permettant la pause de l’appareil car au vu de la précision requise pour ce genre d’opération, la main humaine très approximative est inappropriée. La manipulation ne laisserait pratiquement aucune trace physique outre une petite cicatrice dissimulée sous les cheveux de l’individu. Neuralink travaille pour rendre l’intégration de leur prothèse la plus fiable et simple possible afin d’espérer des approbations de la part du monde de la médecine pour réaliser les premiers tests sur de vrais humains.

Le composant communique avec le smartphone de l’utilisateur via le protocole Bluetooth LE (Low Energy) et se recharge chaque nuit via un système sans fil dont la forme et le fonctionnement restent encore assez flous.
L’implant électronique reprend le principe de gestion des données des traqueurs d’activités porté au poignet : une application sur son smartphone permet de communiquer avec l’appareil afin de transmettre les informations qui sont stockées et analysées depuis ce dernier.

Concrètement les premiers tests menés par Neuralink sur des cochons permettent de connaitre l’activité cérébrale de ces derniers sans que l’animal ne soit conscient qu’un appareil exécute du code informatique dans son cerveau…
La puce peut alors anticiper et prédire la démarche de chacun des membres du cochon en analysant l’activité de son cerveau lié aux pulsations musculaires de ses pattes.
Durant la conférence Elon Musk a présenté d’autres cochons témoins qui ne possédaient pas d’implant ou qui ont possédé un implant pendant deux mois avant de se le faire retirer.
Tous paraissaient avoir une attitude similaire et aucun trouble émotionnel ou physique ne fut constatable.
L’entreprise travaille également à relier d’autres zones neuronales du cochon afin d’analyser différentes spécificités de l’animal commandées par son cerveau.

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Diapositive suivante

La prothèse électronique par rapport à la taille d’une main, quelques caractéristiques de la puce, le robot développé par Neuralink pour implémenter la prothèse, le cochon testant l’appareil en marchant sur un tapis de course.

Neuralink a donc validé une étape importante du développement du projet : réussir à connecter un appareil électronique aux neurones d’un être vivant pour pouvoir analyser leur activité.
Via ses algorithmes l’entreprise arrive à interpréter des caractéristiques neuronales pour anticiper les répercussions physiques sur le corps de l’animal qu’elles engendrent. C’est un pas de plus vers la compréhension du fonctionnement du système neuronal.

Mais l’entreprise cherche déjà à repousser la limite de ses prouesses en voulant analyser des éléments plus subtils de notre cerveau qui n’ont pas spécialement que des répercussions sur le mouvement musculaire corporel.
A terme il serait question d’analyser notre pensée, nos émotions, notre mémoire ou encore notre imagination pour pouvoir par exemple figer dans le temps ces caractéristiques en les stockant numériquement.
Mais Elon Musk souhaite aller encore plus loin avec son entreprise en évoquant la possibilité de copier les données de notre cerveau sur un autre cerveau ou encore d’augmenter ses capacités initiales.

La première justification de ces travaux est d’apporter une solution aux maladies chroniques paralysantes.
Les implants Neuralink pourraient stimuler des zones neuronales en sous-activité pour par exemple permettre à une personne handicapée de retrouver la mobilité d’un membre atteint.
Ce même principe pourrait permettre de limiter les troubles de la parole ou encore les pertes de mémoire.
Autrement dit outre l’analyse cérébrale, les composants émettraient des signaux similaires à ceux employés par nos neurones pour communiquer afin de pallier les déficiences subjectives.
Cette pratique de stimulation est en fait déjà existante, bien qu’elle ne passe pas par des moyens aussi étroitement liés avec les communications de nos neurones.

L’onde mécanique sous certaines fréquences parfois auditives a des conséquences sur l’activité neuronale. C’est un axe de recherche qui fut exploré par le docteur Tomatis qui a mis en place tout un protocole de traitement par la musique modifiée.
Certaines entreprises explorent également le domaine et arrivent à limiter la paralysie verbale voir physique engendrée par une maladie via l’émission sonore grâce à la conduction osseuse et de nos tympans.

Bien que Neuralink vente ses avancés principalement pour soigner sous une forme assez nouvelle les maladies, l’ambition de son créateur est de rendre la chirurgie engendrée par l’implant élective. Cela signifie qu’elle serait accessible à qui le souhaite sans spécialement nécessiter un contexte la justifiant, suite par exemple à un diagnostic médical.
L’idée serait alors d’augmenter l’humain outre de pallier les maladies auxquelles il peut faire face pour par exemple étendre sa mémoire ou contrôler certains facteurs qui sont aujourd’hui encore compliqués à définir. Il pourrait s’agir d’une passerelle entre notre cerveau et la machine, une révolution de l’interaction avec les appareils technologiques. Les implants de Neuralink pourraient en fait être l’écran, la souris et le clavier de demain.

Les dérives de l’entreprise Neuralink d’Elon Musk sont infinies et restent encore aujourd’hui très théoriques. Pour autant les démonstrations sur les cochons sont bien réelles et peuvent être considées comme la base d’un nouveau segment de développement de la haute technologie.
Seulement les avancés dans ce segment pourraient engendrer des révolutions sociétales globales et provoquer un nombre inimaginable de changements et de remises en question sur par exemple l’éthique, la confidentialité des données ou encore le lien avec les politiques et les entreprises privées. Tant de questions sur lesquels nous reviendrons dans les années à venir, au fil des découvertes et des démonstrations de Neuralink.

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