|Écrit de Louis Viratelle.
Publié le 20 septembre 2020.
|Écrit de Louis Viratelle.
Publié le 20 septembre 2020.
Depuis juin 2018 Microsoft test en condition réelle un centre de données fonctionnant dans des conditions atypiques. En effet, l’entreprise mène un projet visant à l’immersion de serveurs dans les profondeurs de l’océan. Ce sont au total 864 serveurs qui ont été isolés pendant plus de deux années dans un conteneur de forme cylindrique.
Durant cette période, le prototype a permis le stockage maximal de 27,6 pétaoctets de données, sans faire appel à aucune intervention humaine sur les 12 racks.
Dans l’industrie du stockage des données, les différents acteurs réalisent des choix très divergents pour limiter les consommations de leurs serveurs liées au maintien des températures de fonctionnement. Certains les installent dans des pays aux températures très froides, d’autres privilégient les localisations proches des chutes d’eau, mais tous recherche à bénéficier au maximum des moyens naturels pour refroidir leurs infrastructures. La chaleur est l’ennemie premier des datacenters. Leur forte consommation est particulièrement liée aux systèmes de refroidissement sophistiqués nécessaires au fonctionnement de ces appareils, et les entreprises sont en quête constante de nouveaux moyens de refroidissement plus respectueux de l’environnement.
Le système de Microsoft exploite la fraicheur des eaux à 35m de profondeur pour garder constamment au frais le conteneur qui possède les précieuses données numériques. De ce fait, la consommation de leur prototype était bien moindre qu’une infrastructure terrestre équivalente. Second bilan motivant pour l’entreprise, le taux de pannes constaté durant ces deux années d’expérimentation était de l’ordre de 87 pourcent plus faible qu’avec les solutions terrestres. L’absence de présence humaine et de dioxygène sont des éléments de réponse à ce constat très positif. Le diazote contenu dans le datacenter limite en effet la corrosion, ce qui a très probablement permis une durée de vie des composants plus importante.
Vidéo explicative du projet de Microsoft.
Pour la construction du centre de données, Microsoft a fait appel à l’entreprise française Naval Group qui a pensé et fabriqué l’ensemble en France avant de l’acheminer vers son lieu d’expérimentation. La question de la rapidité d’établissement d’un tel dispositif est un critère majeur pour Microsoft pour répondre au besoin grandissant de stockage des données. Or pour concrétiser l’infrastructure, il n’aura fallu que 90 jours à l’entreprise, un délai très intéressant.
Un autre aspect favorable à ce type de serveur réside dans le fait qu’ils peuvent être immergés proches des côtes. Or la majeure partie des habitations se situe proche de ces démarcations maritimes. De ce fait les latences de communication entre les appareils des utilisateurs et les serveurs sont plus courtes, un argument non négligeable à l’heure du cloud computing.
Enfin et du fait de la relative mobilité de ces serveurs, il est plus aisé de les installer dans des régions où l’électricité est produite grâce à des ressources renouvelables. Un point supplémentaire, étant donné que la fraicheur naturelle des océans limite grandement l’utilisation des systèmes de refroidissement artificiels.
Nous pouvons aussi imaginer que les questions de sécurité sont grandement simplifiées avec ce modèle de stockage. Les serveurs sont rendus pratiquement inaccessibles du fait de leur immersion aquatique. L’intervention humaine est particulièrement amoindrie et les serveurs sont probablement beaucoup moins sensibles aux aléas météorologiques, une source de dépense importante pour les entreprises qui possèdent des systèmes d’hébergement de données terrestre.
Microsoft compte réaliser d’autre essais de ce type et concrétiser l’utilisation de ces datacenters rapidement. Reste alors à étudier les conséquences sur l’environnement naturel de ces conteneurs. En effet les serveurs apportent une source de chaleur et une fluctuation de certaines zones maritimes lorsqu’ils sont pêchés pour leur entretien ou leur recyclage.
Bien qu’une étude montre que les conséquences thermiques globales dans les océans sont particulièrement limitées par ces pratiques, l’appropriation humaine de ces milieux aquatiques et l’impact sur les écosystèmes naturels à l’échelle locale pourrait être plus ou moins importants en fonction des localisations. Ce sont des facteurs encore très peu abordés durant ces premières expérimentations.
Aucune modification.
La Lettre Contemporaine utilise des cookies pour stocker et/ou accéder à certaines informations des appareils. Accepter l'utilisation des cookies nous permet de traiter des données telle que l'audience du site. Refuser l'utilisation des cookies non essentiels ou les sélectionner individuellement n'influence pas l'expérience de navigation.