Le plus gros défaut de l’électrification des voitures est bien connu : la contenance de l’énergie nécessaire à leur fonctionnement est plus faible que pour un équipement thermique, et le passage aux bornes nécessite de patienter quelques dizaines de minutes. Si nous devions nommer une seconde contrainte, j’évoquerai sans trop hésiter l’extraction des terres rares que nécessitent les batteries actuelles. Il s’agit d’une extraction souvent complexe, qui exploite différents produits chimiques polluants, et les conditions éthiques qui règnent dans ces infrastructures peuvent être très mauvaises.
En plus de cela, nous avons conscience que du fait de la complexité d’extraction du lithium-ion, il n’est pas viable d’électrifier l’ensemble du parc automobile avec cette technologie car cela serait intenable sur le long terme. C’est pourquoi différents travaux de recherche sont menés pour trouver des alternatives qui soient plus durables, plus recyclables, moins onéreuses et complexes à extraire et qui permettraient aux batteries d’avoir une meilleure durée de vie et pourquoi pas, une contenance plus élevée.
Cependant, si le stockage de l’énergie électrique est un réel défi, sa production et son utilisation directe sont beaucoup mieux maitrisé.
C’est de ce constat qu’un concept signé Qualcomm a vu le jour il y a de ça quelques années. La compagnie américaine présentait publiquement un concept qui permettait d’alimenter en temps réel les voitures électriques, en utilisant la technique de la recharge sans fil. L’idée est de placer sous les chaussées de fines bornes de recharge sans fil émettant à la surface de la route. Les voitures usagées de cette infrastructure seraient muni de bornes réceptrices situées sous leur châssis, afin de capter à quelques centimètres du sol l’énergie et de la convertir à nouveau en électricité.
Si l’idée est plutôt ingénieuse, sa réalisation est un véritable défi technologique. Nous maitrisons depuis des années la recharge sans fil, grandement normalisé sous le standard Qi pour nos objets du quotidien. Les brosses à dents électriques, les montres connectées, les smartphones, les écouteurs « true-wirerless » sont autant d’appareils qui embarquent de plus en plus fréquemment ce système. Il suffit alors de les apposer sur un socle pour que leur (longue) recharge débute.
Mais appliquer une telle technologie aux voitures électriques demande de la modifier grandement, car la puissance à transmettre est incomparable aux quelques watts que requièrent nos petits appareils high-tech.
S’ajoutent à cela les grandes déperditions énergétiques auxquelles sont confrontées les technologies sans fil. Les échauffements thermiques sont particulièrement délicats à gérer et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle le projet AirPower d’Apple avait été suspendu. Il s’agissait d’un socle de recharge puissant, capable d’accueillir trois appareils en même temps, n’importe où sur sa surface. L’échauffement produit par les dizaines de bobines éparpillées sur plusieurs couches était intenable et trop dangereux pour l’utilisateur.
Présentation de la technologie d’Electreon.
Cependant les évolutions s’enchaînent et la maîtrise de la charge sans fil rapide se concrétise, avec en ligne de mire pour les smartphones, OnePlus.
Concernant les voitures, l’entreprise Electreon s’est fait récemment remarqué. Son ambition est d’intégrer une telle technologie de recharge sas fil sur des portions de routes à fort trafic. Le projet semble assez solide pour se concrétiser dans les années qui arrivent. 600 mètres d’installation sont déjà en place sur des axes routiers en Israël et en Suède, afin de mener des tests avec des bus électriques.
Pour que cette technologie se concrétise, le facteur économique est très important et pour donner un ordre d’idées, l’entreprise évoque un budget nécessaire de 150 millions de dollars pour électrifier les principales routes de la ville de Tel-Avive.
Malgré les réticences budgétaires que peut provoquer l’implantation de cette technologie, les avantages de cette alimentation sans fil sont explicites : plus besoin de couper ses longs trajets pour recharger les batteries. Ces dernières pourraient d’ailleurs être plus petites, avec une capacité moindre, ce qui permettrait aux voitures électriques de se démocratiser et d’être beaucoup moins onéreuses.
D’un point de vue de la conception, cela réduit l’encombrement et la masse des véhicules, afin de laisser par exemple plus d’espace pour les usagers.
Enfin, c’est un moyen de limiter notre dépendance aux batteries pour se déplacer, donc de laisser plus de temps pour trouver d’autres technologies, ou de mieux maitriser le recyclage de celles que l’on possède.
Les ambitions et le potentiel de cette technologie sont immenses.
Ces installations pourraient être le reflet du défi de notre siècle, à savoir la lutte contre le réchauffement climatique et l’émission des gaz à effet de serre.
La construction des routes, le déploiement de la fibre, des réseaux cellulaires, la géolocalisation par satellite, le déploiement des chemins de fer, la maîtrise des transports aériens, l’arrivée dans les foyers de l’eau potable, de l’électricité, du gaz sont autant de défis qui ont modifié grandement notre quotidien et les possibilités de l’humanité.
Nous pourrions considérer l’idée de rendre les transports terrestres vraiment plus propres comme étant l’un des plus grands défis de notre air, un défi à relever qui serait aussi primordiale que ceux accomplis précédemment. HEHE
La Lettre Contemporaine utilise des cookies pour stocker et/ou accéder à certaines informations des appareils. Accepter l'utilisation des cookies nous permet de traiter des données telle que l'audience du site. Refuser l'utilisation des cookies non essentiels ou les sélectionner individuellement n'influence pas l'expérience de navigation.