Apple va faire lancer des satellites en orbite terrestre pour ses iPhone 14

Avec la cuvée 2022 de la gamme d’iPhone, Apple emboîte le pas à l’annonce de Huawei et rend compatibles ses derniers smartphones avec un réseau de satellites de télécommunication pour contacter les secours.

|Écrit de Louis Viratelle
Image Eutelsat (Airbus). 
Remerciements à Mathis Archambaud pour sa contribution. 
Publié le 10 septembre 2022. 

|Écrit de Louis Viratelle. 
Image Eutelsat (Airbus). 
Remerciements à Mathis Archambaud pour sa contribution. 
Publié le 10 septembre 2022. 

L‘écart temporel qui sépare Huawei d’Apple pour officialiser cette innovation se compte en heure. L’annonce est significative, elle sous-entend sûrement la fin progressive des zones blanches sur Terre. Pour atteindre cet objectif, ce sont les constructeurs de smartphones eux-mêmes qui se mêlent à l’affaire. Ils ne peuvent compter uniquement sur les réseaux d’antennes relais terrestres à la propriété des opérateurs télécoms.

Viser l’espace est inévitable. SpaceX avec Starlink l’a déjà bien saisie et planifie que sa constellation de satellites en orbite basse puisse fournir dans quelques années une connexion minimale, directement aux smartphones, sans intermédiaire.

Huawei a présenté ses derniers fleurons, les Mate 50 et Mate 50 Pro. Malgré la situation de l’entreprise qui est contrainte de priver ses smartphones des services Google ainsi que des modems 5G de Qualcomm, elle poursuit l’innovation dans ce secteur. Sans délivrer beaucoup de détails, le géant chinois a en effet noué un partenariat avec l’agence spatiale chinoise qui est à l’origine du réseau Beidou.

Les satellites chinois lancés pour ce réseau avaient pour objectif principal de permettre à la Chine d’avoir son propre système de géolocalisation souverain, à l’image du GPS américain, du GLONASS Russe ou encore du réseau Galileo européen.

C’est chose faite dès 2020. Mais lors d’un sommet international en 2021, Beidou annonce de nouvelles capacités. Les satellites lancés sont en fait dotés d’antennes compatibles avec les bandes fréquences des smartphones. Des smartphones pourraient donc directement établir une connexion avec eux pour envoyer des données depuis la Terre.

C’est là une première : les smartphones n’envoyaient pas jusqu’alors des données à des satellites. Ils se contentaient de lire les données que communiquent les antennes des satellites, uniquement pour déduire leur position géographique par triangulation (en se basant sur les coordonnées orbitales des satellites et sur l’horodatage de l’émission et la réception des signaux).

Huawei affirme que ses smartphones Mate 50 et 50 Pro pourront se connecter au réseau Beidou et communiquer un message d’urgence ainsi qu’une géolocalisation directement aux satellites Beidou Satellite Message. C’est donc une technologie d’une autre envergure : les ondes émises par les smartphones sont directement captées par les satellites et un réel échange de données réciproque s’établit.

Quelques heures plus tard, Apple emboîte le pas. Lors de sa Keynote annuelle de septembre, elle présente sa lignée d’iPhone 14. Parmi les maigres innovations qu’elle propose, une semble particulièrement novatrice. Les iPhone 14 permettront de se connecter à des satellites pour envoyer un signal d’urgence partout depuis les États-Unis et le Canada, même depuis des zones non couvertes par les réseaux cellulaires. Cette fonctionnalité est en réalité proposée sous forme d’abonnement, mais les deux premières années sont inclues avec l’achat d’un iPhone 14, 14 Plus, 14 Pro ou 14 Pro Max.

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Rendu 3D officiel du Huawei Mate 40 Pro ainsi que de l’iPhone 14 Pro.

Dans les faits, les smartphones Apple se connecteront à l’un des satellites en orbite basse à la propriété de l’entreprise américaine GlobalStar. Depuis 2000, elle propose via ses satellites des services de télécommunications : appels et messages via des débits très faibles (notamment face aux capacités des constellations comme Starlink) et un matériel spécifique. Apple s’appuiera sur son réseau pour une fonctionnalité d’urgence rudimentaire.

Comme avec Huawei, ce ne sont que quelques paquets et octets de données qui s’enverront vers l’espace, suffisamment pour relayer aux secours la situation d’urgence de l’utilisateur, ainsi que ses coordonnées GPS, une description de votre situation d’urgence établie via des questions posées par l’iPhone, votre fiche médicale si vous l’avez configurée, ainsi que le niveau de batterie de l’iPhone. En réalité, la situation d’urgence sera d’abord traitée par des équipes d’Apple spécialisées, avant de relayer les données aux services d’urgence à proprement parler. Pour assurer le service, GlobalStar devrait réserver 85% des capacités de son réseau à Apple, un chiffre qui s’explique notamment par le fait que les iPhone s’écoulent chaque année massivement.

Le contrat signé entre GlobalStar et Apple s’élève à 450 millions de dollars. Les termes engagent le gestionnaire du réseau à envoyer de nouveaux satellites en orbite, financés à 95% par Apple, pour compléter son réseau et assurer la fonctionnalité des iPhone 14. On imagine qu’Apple envisage d’étendre cette fonction d’urgence à d’autres pays du globe.

Dans des décennies, nous pourrions même concevoir qu’Apple tout comme Huawei étende les possibilités technologiques des réseaux sur lesquels ils s’appuient, pour réserver d’autres exclusivités à leurs produits (notamment échanger davantage de data), même si ce n’est là qu’une hypothèse, sûrement lointaine.

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